Le secret professionnel de l’avocat fiscaliste : quelles limites face aux pouvoirs d’investigation de l’administration fiscale ?

par | Mar 28, 2023

Il est difficile de concilier la règle du secret professionnel avec les pouvoirs d’investigation de l’administration. La question de la compatibilité pour toute activité d’investigation de l’administration se pose nécessairement et en particulier pour le droit de communication.

L’activité générale d’investigation et de contrôle

Selon l’article 226-13 du Code pénal, des personnes dépositaires en vertu de leur profession de certaines informations ne peuvent être divulguées quand elles sont secrètes par nature ou quand le particulier qui est entré en relation avec le professionnel a entendu exiger de ce dernier la discrétion sur les faits dont il a eu connaissance.

Les dépositaires du secret professionnel comme l’avocat fiscaliste peuvent être tentés de se retrancher derrière cette obligation de secret pour faire échec au droit de communication de l’administration.

Le législateur fiscal a surmonté cet effet paralysant du secret professionnel en posant le principe selon lequel le secret professionnel n’est pas opposable à l’administration parce que les agents de l’administration y sont aussi soumis (LPF, art.L 103), tout en l’assortissant d’exceptions.

Par exception à ce principe, les investigations de l’administration doivent tenir compte de certains secrets professionnels et du secret légal des enquêtes statistiques.

Le secret professionnel de l’avocat

L’avocat a plusieurs obligations en matière de contrôle fiscal et de prévention contre la fraude. C’est en ce sens que l’Union européenne a adopté une série de directives visant à prévenir l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment des capitaux, qui ont été transposées en droit français.

La conséquence est donc un affaiblissement du secret professionnel de l’avocat, puisqu’il sera désormais soumis à une obligation de déclaration des soupçons qu’ils pourraient avoir en la matière à l’égard de ses clients, lorsque, dans le cadre de l’activité professionnelle, ils les assistent dans de la préparation ou la réalisation de transaction concernant certaines opérations définies, ou participent à des transactions financières ou immobilières ou agis en qualité de fiduciaire.

Cependant, les avocats ne sont pas assujettis à cette obligation lorsque l’activité dont il est question se rattache à une procédure juridictionnelle et, en principe, lorsqu’ils donnent une consultation juridique (loi 71-1130 du 31 décembre 1971, art 65-5, dans sa rédaction issue de la loi 97-308 du 7 avril 1997).

Ils doivent communiquer leurs déclarations, selon le cas, au président de l’ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation ou au bâtonnier de l’ordre auprès duquel ils sont inscrits, à charge pour ces derniers de les transmettre à la « cellule de renseignement financier nationale » (Tracfin).

La confidentialité ne s’impose qu’à l’avocat

Le client n’est pas tenu au secret professionnel, et peut décider de lever ce secret, sans y être contraint. En revanche, la révélation du contenu d’une correspondance échangée entre un contribuable et son avocat vicie la procédure d’imposition menée à l’égard du contribuable et entraîne la décharge de l’imposition lorsque, à défaut de l’accord préalable de ce dernier, le contenu de cette correspondance fonde tout ou partie de la rectification (CE 12 décembre 2018 n°414088).

Selon un arrêt en date du 15 mars 2017 (n°15-25649) la Cour de cassation à juger que les documents et courriers échangés entre l’avocat et l’expert-comptable d’une société soupçonnée de fraude fiscale n’étaient pas couverts par le secret professionnel et que l’administration pouvait donc saisir les courriers échangés.

De la même manière que l’entreprise qui subit une perquisition informatique par des agents de la DGCCRF ne peut demander son retrait des correspondances échangées avec son avocat que si elle prouve qu’elles sont liées à l’exercice des droits de la défense (arrêt Cass.crim 25 novembre 2020 n°19-84304).

Amende encourue par les conseils

Lorsque à la suite d’un contrôle fiscal, l’administration applique à un contribuable une majoration de 80%, une amende peut être mise à la charge de son conseil, qui a intentionnellement fourni une prestation permettant directement la commission par le contribuable des agissements, manquements ou manœuvres. Le montant de l’amende est fixé à 50% des revenus tirés de la prestation fournie au contribuable. Son montant ne peut être inférieur à 10 000€ (art 1740 A bis CGI).

Le conseil qui a été sanctionné par une amende ne peut plus participer aux travaux des commissions administratives de l’impôts, du comité consultatif du crédit d’impôt recherche et crédit d’impôt pour la recherche collaborative, du comité de l’abus de droit fiscal et de la commission des infractions fiscales.

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Questions Fréquemment Posées

Cette section répond aux questions courantes sur le secret professionnel de l'avocat fiscaliste, en particulier les limites face aux pouvoirs d'investigation de l'administration fiscale.

Qu'est-ce que le secret professionnel de l'avocat fiscaliste et quelles sont ses limites face aux pouvoirs d'investigation de l'administration fiscale ?

Le secret professionnel de l'avocat fiscaliste implique l'obligation pour celui-ci de ne pas divulguer les informations confidentielles qu'il détient dans le cadre de sa profession. Toutefois, face aux pouvoirs d'investigation de l'administration fiscale, des limites existent. L'article 226-13 du Code pénal stipule que certaines informations sont protégées, mais le législateur fiscal a créé des exceptions permettant à l'administration d'obtenir certaines informations malgré le secret professionnel.

Quels sont les pouvoirs d'investigation de l'administration fiscale ?

L'administration fiscale dispose de divers pouvoirs d'investigation, tels que le droit de communication, qui lui permet de demander des informations à des tiers. Cependant, ces pouvoirs doivent naviguer entre les limites imposées par le secret professionnel de certaines professions, notamment celui des avocats fiscalistes.

Dans quelles situations le secret professionnel de l'avocat fiscaliste peut-il être levé ?

Le secret professionnel de l'avocat fiscaliste peut être levé dans certaines situations, comme celles liées à la lutte contre le blanchiment d'argent, où l'avocat peut être obligé de déclarer des soupçons sur des transactions financières suspectes. Des lois spécifiques, comme celle du 31 décembre 1971, précisent néanmoins des exceptions, notamment pour les consultations juridiques et les procédures juridictionnelles.

Comment le législateur fiscal a-t-il surmonté l'effet paralysant du secret professionnel ?

Le législateur fiscal a surmonté l'effet paralysant du secret professionnel en décrétant que ce secret n'est pas opposable à l'administration fiscale, car les agents de cette administration y sont également soumis. Cependant, il existe des exceptions où l'administration doit respecter certains secrets professionnels.

Quelles sont les conséquences d'une violation du secret professionnel lors d'un contrôle fiscal ?

Une violation du secret professionnel durant un contrôle fiscal peut entraîner la nullité de la procédure d'imposition si la correspondance entre le contribuable et son avocat est utilisée sans l'accord préalable du contribuable. Des jugements tels que celui du 12 décembre 2018 (n°414088) renforcent cette protection.

L'administration fiscale peut-elle saisir des correspondances entre un avocat et un expert-comptable?

Oui, selon un arrêt de la Cour de cassation en date du 15 mars 2017 (n°15-25649), les documents et courriers échangés entre un avocat et un expert-comptable d'une société soupçonnée de fraude fiscale ne sont pas couverts par le secret professionnel et peuvent donc être saisis par l'administration.

Quelles amendes peut encourir un avocat fiscaliste suite à un contrôle fiscal ?

Un avocat fiscaliste peut encourir une amende si, suite à un contrôle fiscal, il est prouvé qu'il a intentionnellement aidé un contribuable à commettre des infractions fiscales. Cette amende peut s'élever à 50% des revenus tirés de la prestation, avec un minimum de 10 000€ (art 1740 A bis CGI). De plus, l'avocat sanctionné ne pourra plus participer à certaines commissions administratives.

Quel impact a l'Union européenne sur les obligations des avocats en matière de secret professionnel ?

L'Union européenne a adopté plusieurs directives pour prévenir le blanchiment d'argent, ce qui a affaibli le secret professionnel des avocats en les obligeant à déclarer les soupçons sur certaines transactions financières. Cela a été transposé en droit français et impose aux avocats d'informer les autorités compétentes, sauf dans le cadre des consultations juridiques et des procédures juridictionnelles.

Quels autres aspects fiscaux pourraient intéresser les professionnels ?

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