L’imposition du métavers : défis et enjeux

par | Oct 29, 2022 | Fiscalité des entreprises | 0 commentaires

L’imposition du métavers : défis et enjeux

par | 29-10-22 | Fiscalité des entreprises

Si le métavers suscite un véritable engouement de la part des entreprises de la Tech et des multinationales, ce monde virtuel soulève également de nombreuses interrogations quant aux règles de droit et au régime fiscal applicables.

Qu’est-ce que le métavers ?

Le métavers se présente comme un monde en ligne virtuel et immersif, basé en partie sur la technologie de la blockchain. Il héberge une communauté d’utilisateurs présents sous forme d’avatars, qui peuvent interagir entre eux en temps réel, se déplacer, jouer au casino, organiser une réunion de travail, participer à des concerts virtuels ou à des conférences, et aller dans des magasins dans lesquels ils peuvent acheter des objets numériques sous forme de NFT (Non Fungible Token, ou Jeton Non Fongible) en payant leurs achats en cryptomonnaies.

De nombreux univers de type métavers existent déjà, parmi les plus connus : Second Life, Decentraland, The Sandbox ou encore Horizon Worlds de Meta.

Si les métavers se sont, au début, développés dans le domaine des jeux vidéo, désormais tous les secteurs sont concernés et de nombreuses entreprises sont présentes dans cet univers virtuel. Elles commercialisent des accessoires pour avatars sous forme de NFT, achètent des terrains, et installent des boutiques, des agences bancaires ou des cabinets d’avocats virtuels.

Les défis juridiques posés par le métavers

Avec l’émergence du métavers et l’augmentation du nombre d’utilisateurs, la question de la régulation de cet univers virtuel devient essentielle et amène à s’interroger, sans pouvoir y apporter une réponse claire et certaine en l’absence de position des États et des organisations internationales, sur :

  • la loi applicable et les juridictions compétentes en cas de litiges,
  • l’intérêt de réglementer ce monde au niveau national ou au niveau international,
  • la possibilité d’adapter les règles existantes en matière de propriété, de droit à l’image, de protection des consommateurs, de poursuites pénales, aux litiges dans le métavers,
  • la nécessité de créer de nouvelles règles spécifiques au métavers,
  • l’attribution d’une personnalité juridique aux avatars,
  • la détermination du régime fiscal applicable au métavers et aux crypto-actifs, etc.

Quelle imposition du métavers et des crypto-actifs ?

Même si elles ont lieu dans des espaces virtuels et entre des avatars, les transactions dans le métavers, produisent des revenus dans le monde réel. Se pose alors la question du régime d’imposition applicable à ces transactions et aux gains qu’elles génèrent : impôt sur les plus-values, impôts indirects comme la TVA, imposition au niveau des clients ou des vendeurs, etc.

Le choix de l’imposition applicable est important, car les décisions des gouvernements concernant l’imposition des actifs numériques et du métavers auront une incidence sur le succès de ce marché. En effet, alors qu’une réglementation stricte peut entraver le développement de certains produits et services, la mise en place de dispositifs fiscaux avantageux peut inciter les investisseurs à se tourner vers ce marché.

Les pays n’ont actuellement pas encore légiféré sur l’imposition du métavers et des NFT. Ils tentent toutefois d’encadrer les crypto-actifs.

C’est le cas en France depuis la loi Pacte du 22 mai 2019 qui précise la fiscalité des actifs numériques, dont le régime a été modifié par l’article 79 de la loi de finances pour 2022.

L’Europe est quant à elle en train d’élaborer un nouveau règlement dit MiCa (Markets in Crypto-Assets Regulation) sur les crypto-actifs.

En parallèle, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) étudie la possibilité de mettre en place un cadre fiscal commun dénommé Cadre de déclaration des crypto-actifs (Crypto-Asset Reporting Framework – CARF) qui permettrait aux administrations fiscales d’échanger les données relatives aux transactions en crypto-actifs.

Mais pour le moment, comme le montre le rapport de l’OCDE intitulé « Fiscalité des monnaies virtuelles dans le monde », les législations concernant les cryptomonnaies sont disparates, ce qui entraîne une incertitude fiscale, d’autant que de nombreux pays étudient en parallèle la possibilité de mettre en circulation leur propre monnaie numérique de banque centrale, comme en Europe avec le projet d’euro numérique.

Si le développement des actifs numériques et du métavers soulève d’importants défis fiscaux, ces nouveaux outils peuvent également être la solution à certaines difficultés. En effet, la technologie de la blockchain utilisée dans le métavers est transparente et sécurisée. Elle permet de tracer les transactions et de partager ces informations avec les autorités fiscales, supprimant ainsi la nécessité d’une déclaration et facilitant la collecte des impôts et des taxes, sous réserve de respecter la protection des données personnelles des utilisateurs.

Les chemins complexes de la fiscalité ne sont pas un problème pour nous.
Gagnez en tranquillité d'esprit avec des experts, planifiez votre stratégie !

Articles similaires

Découvrez nos articles similaires, mais n’oubliez pas de nous contacter, c’est mieux !

Intégration fiscale : prise en compte des participations croisées entre filiales

Face à l’inflation, à la crise énergétique et aux enjeux environnementaux, la tentation est grande de procéder à des baisses de TVA générales ou ciblées. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) rappelle cependant dans son rapport relatif à la TVA que ces taux réduits sont coûteux pour les finances publiques, peu efficaces économiquement et rarement évalués. Explications.

TVA, vers la fin des taux réduits ?

Face à l’inflation, à la crise énergétique et aux enjeux environnementaux, la tentation est grande de procéder à des baisses de TVA générales ou ciblées. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) rappelle cependant dans son rapport relatif à la TVA que ces taux réduits sont coûteux pour les finances publiques, peu efficaces économiquement et rarement évalués. Explications.

Mécénat et impôts : comment bénéficier d’une réduction fiscale pour soutenir des causes qui vous tiennent à cœur

Le mécénat est une pratique de plus en plus courante dans le monde des entreprises, consistant à apporter un soutien financier à des associations et fondations, sans attendre de contrepartie en retour. En plus de contribuer à des causes philanthropiques, le mécénat offre également des avantages fiscaux intéressants pour les entreprises. Cependant, il est important de distinguer le mécénat du sponsoring, qui relève plutôt d’une activité commerciale avec des contreparties directes.

Les rescrits fiscaux

Il est souvent important de connaître par avance la position de l’Administration fiscale sur une situation de fait qui lui est présentée mais aussi, de façon plus spécifique sur l’interprétation d’un texte ou d’un dispositif fiscal sur lequel il n’existe pas de position de sa part.

C’est en sens que le rescrit fiscal est une réponse de l’administration à une question du contribuable portant sur l’interprétation d’une disposition fiscal en vigueur ou sur une situation de fait au regard du droit fiscal.

Lutte contre la fraude fiscale, quelles suites données aux recommandations de la mission d’information du Sénat ?

En 2022, la mise en recouvrement après contrôle fiscal a atteint 14,6 milliards d’euros, soit 8,2 % et 1,2 milliard d’euros de plus qu’en 2021, selon le communiqué de presse du 23 février 2022 du ministère de l’Économie et des Finances.
L’occasion de faire le point sur les suites données aux recommandations émises par la mission d’information relative à la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales dans son rapport du 25 octobre 2022.

Bénéficiaires effectifs : la fin de la transparence financière ?

Alors que l’accès au registre des bénéficiaires effectifs avait récemment été élargi au grand public au nom de la transparence financière, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a, dans un arrêt en grande chambre du 22 novembre 2022, considéré que cette ouverture au public constituait une ingérence grave au respect de la vie privée et à la protection des données personnelles des bénéficiaires et n’était ni nécessaire ni proportionnée à l’objectif poursuivi.

Imposition des multinationales, l’Europe fixe un taux minimum

Le 14 décembre 2022, le Conseil de l’Union européenne a adopté la directive 2022/2523 visant à assurer un niveau minimum d’imposition pour les multinationales au sein de l’Union européenne. Publiée au Journal officiel de l’Union européenne le 22 décembre 2022, cette directive s’inscrit dans le droit-fil de la réforme sur la fiscalité internationale souhaitée par l’OCDE.